Je voulais juste faire un petit post pour signaler qu'il y a 15 ans, le 2 mars 1991 Serge Gainsbourg disparaissait à l'âge de 62 ans.
Et pour "fêter" ça un bon petit cd hommage devrait bientôt sortir (Déjà retardé d'un mois) avec du très beau monde.
15 ans après la disparition du beau Serge, les hommages et rééditions se multiplient. La bonne surprise de cette ambiance commémorative est un album de reprises par les nouvelles voix rock’n roll de la scène internationale.
Spécialement traduits en anglais pour l'occasion avec amour par Boris Bergman et Paul Ives, les textes de Gainsbourg qu'on aurait juré intraduisibles, ne perdent bizarrement pas au change.
"Requiem pour un con", traduit par "Requiem for a jerk" est par exemple superbement revisité par une triplette de choc: Faultine, Brian Molko et Françoise Hardy. Non seulement le sens des paroles, acides, n'est pas perdu, mais le morceau est réarrangé de façon électronique-tribale, et modernisé sans aucune timidité.
L'exercice s'avère souvent interessant, beaucoup d'artistes évitant l'écueil de la révérence. Tricky se réapproprie "Au revoir Emmanuelle" et lui instile sa sensualité abyssale, irrespirable, suivi par Portishead dans le même registre maléfique et dérangé, pendant qu'à l'autre extrême du prisme, Gonzales, Feist et Dani malmènent "Comme un boomerang" de façon fraîche et jubilatoire.
Côté rock'n'roll, on retiendra surtout Franz Ferdinand, osant dynamiter sans vergogne "Sorry Angel" en compagnie de Jane Birkin alors que les prometteurs The Rakes s'attaquent avec détermination au "Poinçonneur des Lilas", rebaptisé "Just a man with a job", pour lequel ils tricotent sans forcer une impeccable rythmique tendue.
Remarquée aussi, la réinterprétation sensible de "Je t'aime moi non plus" par Cat Power et Karen Elson (l'épouse de Jack White), et l'aisance expressive de Jarvis Cocker épaulé du malicieux Kid Loco pour "Je t'aime moi non plus".
Avec moins d'audace, Marianne Faithfull et Sly and Robbie transforment "Lola Rastaquouère" en un "Lola R.for ever" digne d'un tube de Grace Jones, alors que Michael Stripe gratifie "L'Hôtel particulier" d'une voix tremblée qu'on jurerait échappée du gosier de Brian Ferry. Les moins convaincants restent peut être The Kills (La chanson de Sloan), fidèles à eux-mêmes mais malgré tout en petite forme - tétanisés par l'envergure ginzburgienne ?
En tout cas, ce n'est pas avec pareille introduction que les étrangers vont se désintéresser du cas Gainsbarre. "Ouais, pas dégueu" les ambassadeurs...