L'album de MANU intitulé "Rendez-vous" sortira le 29 septembre 2008
depuis cet après-midi 2 nouveaux extraits et la version "album" de "TES CICATRICES" sur les myspace de Manu et ManuFriends
extrait de "Cow Boy" sur
www.myspace.com/manusonic
extrait de "Sur mes lêvres" sur
www.myspace.com/manufriends
MANU Album “RENDEZ-VOUS” sortie le 29 septembre 2008Je me souviens très bien de la première fois où j'ai entendu "Rendez-vous". La chanson pas l'album. C'était un de ces après-midi de septembre qui n'en finissent pas. Les fameux "disques de la rentrée" commençaient à s'entasser sur mon bureau et rien ne m'avait franchement excité.
Dois-je l'avouer, quand on m’a transmis cette demo en mp3, je ne m'attendais pas à prendre une telle claque. J'ai double-cliqué sur l'écran. Le morceau a commencé. Une fille s'est mise à chanter dès l'intro. De cette voix tranquille et posée qui semble pourtant vous dire "maintenant tu vas m'écouter". C'était comme si la chanteuse s'adressait à moi... "Je te vois... tu es partout... dès demain, je te donne un rendezvous". Parlait-t'elle d'un amant ? d'un ami disparu ? d'un fantôme ? A peine 30 secondes s’étaient écoulées, et j'avais déjà la gorge serrée. Pas ressenti ça depuis des lustres. Puis la chanson se met doucement en place, crescendo : un élégant xylophone fait son apparition, les guitares se font pesantes, le refrain implorant se répète comme unmantra jusqu'à l'explosion finale. Le son pourrait être anglais ou américain. Je suis comme envoûté. Et surtout terriblement ému. J’essuie discètement une larme derrière mon bureau pour ne pas avoir l’air con. Après l'avoir réécouté trois ou quatre fois pour être sûr que la magie opérait toujours, je conserve le mp3, comme un trésor de guerre, bien caché au fond de mon ordinateur.
Renseignement pris, cette chanteuse c’est Manu, du groupe Dolly. Pour être sincère, je n’ai jamais été fan de la formation et je ne possède aucun de leurs cds. Je me souviens juste que j’avais bien aimé « Je ne veux pas rester sage » en 97, leur plus gros tube. Je sais aussi que c’est un groupe qui a compté dans la petite galaxie du rock français. Avec un parcours en quatre albums et plusieurs centaines de concerts, tragiquement interrompu par lamort du bassiste Micka enmai 2005, laissant derrière lui une solide armée de fans. C’est en 2007, avec l'aide précieuse de Nikko le guitariste qui complétait le quartet, rejoint ensuite par Ben et Nirox, que Manu décide de coucher sur disque ses chansons les plus personnelles à ce jour pour ce qui allait devenir son premier album « solo ».
A quoi reconnait-on finalement un grand disque ? Est-ce celui qu'on admire pour son audace et ses experimentations mais qui croupira sur une étagère et qu'on emmènera jamais dans son ipod pour partir en vacances ? Ou bien celui qui vous perce en plein coeur dès la première écoute, vous file la chair de poule, vous remplit d’espoir et vous donne la force d'aller dehors vous frotter à la vie ? Le premier album "solo" de Manu fait évidemment partie de cette seconde catégorie. Ce qui ne veut pas dire qu'il manqué d'audace car sa production est parfois bluffante. Surtout de ce côté-ci de la Manche. C'est surtout un disque capable d’aligner, avec une facilité presque insolente, desmélodies qu'on pourrait écouter jusqu'à l'usure. Il y a l'obsédante "Allée des Tilleuls" qui ouvre l'album en cinémascope comme la ballade d’un western imaginaire qu’on croirait produite par Nigel Godrich (Radiohead), le sautillant et entêtant "Tes cicatrices, le très britpop "Oh My Friend" une chanson dont Oasis aimerait encore être capable ou l'énervé "Sur mes lèvres". Et puis les tubes en puissance : un euphorisant "T'es bô , t'es con" avec son refrain aérien et ses cuivres tout droit sortis du meilleur des DandyWarhols, un "Goodbye" beau à pleurer dédié à Micka, une petite bombe chantée en japonais "Suteki ni"... Il y a là aussi, avec une sincérité parfois troublantemais non dénuée de poésie, les plus bouleversantes chansons qu'on ait entendues depuis longtemps sur le deuil, l'absence, mais aussi le retour à la vie, au bonheur simple. Et même si « Rendez-Vous » est empreint d'une poisseuse mélancolie, pétri d'écorchures et de doutes, il arrive à dégager une énergie contagieuse pour ceux qui l'écoutent.
Bjork disait un jour, au cours d'une interview, qu’une bonne chanson suffisait à éclairer sa journée. Cette année, je crois bien que Manu m'a offert l'électricité !
JLG