L’idée de Grinderman est née avant l’enregistrement d’Abattoir Blues/The Lyre of Orpheus, le dernier album studio des Bad Seeds. Ce qui a changé : ce groupe ne s’appelle pas Nick Cave & The Grindermen, mais juste Grinderman. Un vrai groupe, dont les quatre membres cosignent les compositions. Leurs chansons sont nées en studio, collectivement. Nick Cave ne les a pas composées seul au piano, ni au bureau. D’ailleurs, on n’entend pas de piano dans Grinderman, Nick Cave est passé à la guitare, électrique. Les sanglots longs des violons de l’automne qui semblaient parfois annoncer l’hiver des Bad Seeds – saison morte –, Nick Cave leur a mis deux claques.
Point de piano à queue, de ballades romantiques ni de fillettes en tutu dans l’entourage de Grinderman. Du rock pur et dur, du blues-indus nucléaire, enflammé par les bourrasques de bouzouki électrique de Warren Ellis. Un retour aux racines pour les mauvaises graines ? Nick Cave corrige : “On ne s’est jamais éloignés des racines.” Depuis toujours, Nick Cave est un chanteur habité. Mais ici, il a laissé les vieux sages (John Lee Hooker, Leonard Cohen, Johnny Cash) à la porte, et laisse parler sa paire de pères pervers et perturbés : les increvables Iggy Pop et Lux Interior des Cramps (quand Nick Cave imite l’abeille sur Honey Bee (Let’s Fly to Mars), on pense bien sûr au Human Fly des Cramps). Vrai, Nick Cave n’a rien fait d’aussi sauvagement réussi depuis plus de vingt ans. Lui répond que, justement, il n’a plus 20 ans.
Pour vous faire une idée: http://www.myspace.com/grinderman