Alors que le monde vient de fêter les 50 ans des premiers pas de l’homme sur la Lune, la fusée du Rock Oz’Arènes d’Avenches semble traverser une pluie de météorites. Selon nos informations, des quatre professionnelles qui forment l’équipage du «plus petit des grands festivals», il ne restera que la directrice, Charlotte Carrel, à l’issue de la 28e édition, qui se tiendra du 14 au 18 août.
Copilote à plein temps depuis 2016 et le départ de l’ancien programmateur en plein festival, la cheffe de presse est en arrêt maladie. Elle a décidé de ne pas poursuivre son aventure avec le festival. La responsable des stands a reçu son licenciement pour fin septembre, tandis qu’une employée en charge du bureau a donné son congé. «Elle reviendra dans l’organisation après un stage à New York», dit Charlotte Carrel, sans confirmer les deux autres cas.
Quant à Nicolas Simond, présent ce printemps comme possible nouveau directeur, il est déjà reparti: «J’ai travaillé à la signature de nouveaux sponsors, mais je ne suis désormais plus actif.» Autant dire que la dernière ligne droite de l’organisation s’annonce chahutée. Mais la directrice assure que l’équipe travaille main dans la main pour finaliser l’édition 2019: «Je suis loin d’être seule dans l’organisation. Une équipe de permanence, un conseil de fondation, un comité de direction et 40 chefs de secteurs œuvrent déjà. Et 700 bénévoles vont nous rejoindre dès l’ouverture des portes.»
Inquiétudes
L’avenir de la manifestation au budget de 3,8 millions de francs inquiète pourtant les connaisseurs du milieu culturel broyard, qui tiennent à rester anonymes. «Mon avis est que la directrice prépare le terrain pour une vente du festival en se séparant de tout le personnel. C’est dommage pour Avenches, car ce sont toutes des personnes qui venaient de la région, mais je ne connais pas grand monde qui soit ressorti des bureaux du festival en bons termes», détaille un familier de l’événement. Le fonctionnement pyramidal de l’organisation est aussi pointé du doigt, Charlotte Carrel prenant toujours les décisions au final.
Rumeurs de reprise
L’automne passé, les rumeurs couraient sur une reprise du festival par une société spécialisée dans l’événementiel, Chassot Concept à Estavayer-le-Lac ou Grand Chelem, à Renens. Il faut dire qu’après deux éditions compliquées en termes de fréquentation, la Fondation Rock Oz’Arènes n’avait pas caché sa volonté de revoir la forme du festival. «La suite de l’organisation du Festival est en discussion depuis deux ans déjà, rien n’a été décidé définitivement par le Conseil de fondation et les informations pour l’avenir seront communiquées à l’automne», déclare Charlotte Carrel.
«Elle ne peut clairement pas continuer comme cela, mais pourtant rien n’a changé», glisse un proche du milieu. Dans la société broyarde, on confirme un intérêt pour une collaboration. «Le Rock Oz’ est une belle manifestation et entre le savoir-faire local et notre vécu, il y aurait du potentiel. Mais nous n’avons entrepris aucune discussion formelle à l’heure actuelle», commente David Chassot, membre de la direction de Chassot Concept et producteur.
Pour pouvoir vendre, il faut aussi que le produit soit attrayant et les derniers résultats montrent une tendance plutôt négative. Alors que Rock Oz’Arènes attirait 45'000 visiteurs en 2015, ils n’étaient que 31'000 à rejoindre la Broye l’an dernier. La récente vente de billets à prix cassés pose des questions sur le remplissage.
Pour marquer les 50 ans des premiers pas de l’homme sur la Lune, les entrées de quatre soirées étaient vendues à 50 francs, contre 77 ou 67 normalement. Une démarche qui a porté ses fruits, mais a aussi entraîné plusieurs commentaires fâchés sur la page Facebook du rendez-vous culturel. «On peut me rembourser les 27 francs payés en plus?» demande un internaute, quand une autre dit qu’elle a la rage et une troisième lâche «Fini pour moi de prendre des billets bien à l’avance, la prochaine fois j’attendrai les prix bradés.»
La Fête des Vignerons ou le Montreux Jazz ont aussi vendu des billets dégriffés sur la plateforme Qoqa, mais dans le milieu culturel la démarche est loin de faire l’unanimité. «On ne le fait pas par respect des gens ayant déjà acheté leur billet au tarif plein», répondait, récemment, Dany Hassenstein, programmateur du Paléo de Nyon, au micro de la RTS. Le producteur Michael Drieberg ajoutait qu’il trouvait la démarche scandaleuse, la qualifiant de mauvais signal donné au marché. «On constate effectivement un changement des habitudes de réservations avec des achats toujours plus tardifs qui doivent nous inciter à revoir notre politique de billetterie, mais nous n’avons pas à l’idée de baisser nos prix en dernière minute», confie de son côté Nicolas Bally, directeur de l’Estivale d’Estavayer-le-Lac, qui débute le 31 juillet.
Sur Facebook, Rock Oz’ a justifié sa démarche par le fait de la présence d’une fusée sur son affiche, motivant ainsi le coup de pub. Face aux critiques, le festival a aussi dû répondre qu’il faisait son «maximum pour contenter tout le monde, y compris ceux qui ont pris un billet tôt, afin que l’ambiance lors du festival soit à la hauteur de sa réputation». Charlotte Carrel tire un bilan positif de l’opération, de nombreuses familles ayant profité de la promotion.
Ventes en progression
Si la soirée d’ouverture avec Scorpions en tête d’affiche est complète, il n’en va pas de même des autres. «La soirée française se vend très bien, de même que l’electro, par contre, il faudra encore travailler les ventes last-minute pour notre journée techno de samedi, qui est une première. Quant à la journée world music de dimanche, elle ne se porte pas si mal pour une autre première», détaille Charlotte Carrel. Les ventes se jouant désormais souvent en fonction de la météo, Rock Oz’Arènes espère encore écouler des billets.